Hype Machine, Enlevez le “The”, c’est plus net

Il y a quelques mois j’avais partagé dans un de mes mails, un site spécial.

Il s’agissait d’un petit site de streaming musical qui arrivait à vivre à côté des mastodontes du domaine comme Spotify, Apple Music…

Hype Machine (tu peux voir le site ici)

C’est le nom de ce site.

Je ne sais plus bien comment j’ai découvert Hype Machine…

Je crois que c’est en écoutant une interview d’un des membres du groupe The Chainsmokers.

Le type disait qu’il avait découvert la chanteuse pour accompagner sa musique sur Hype Machine.

Et je suis allé voir qu’est-ce que c’était que ce site.

Au premier coup d’œil on voit que le site n’est pas comme les autres.

Tu sens que ça ne suit pas la tendance actuelle.

Ça ne ressemble pas à grand-chose d’autre.

Et pourtant c’est plaisant.

Ça donne un ressenti de simplicité, de… c’est assez cosy.

Les couleurs n’agressent pas, on s’y sent bien… en tout cas moi je m’y sens bien.

Arrivé à ce point de l’article tu voudrais peut-être savoir ce que fait Hype Machine…

Du streaming musical, oui mais qu’est-ce qu’il a de différent avec Spotify ?

C’est très différent de Spotify.

Le mieux pour que tu comprennes le concept est que je te parle de son fondateur :

Anthony Volodkin

à New York en avril 2005, depuis sont dortoir, Anthony Volodkin, 19 ans (ou 20 ans selon les sources), lance Hype Machine.

Il le lance parce qu’il constate qu’il n’a pas découvert de nouvelles musiques depuis plusieurs mois.

Il écoute toujours les mêmes musiques, ou celles de ses amis, mais il veut découvrir de nouveaux artistes.

Il sent qu’il ne peut rien découvrir de nouveau dans les magazines, parce que les titres recommandés dans les magazines sont assez biaisés, il s’agit soit :

  • D’annonceurs qui ont payé pour faire apparaître le titre dans le magazine.
  • Soit le magazine parle d’un titre parce qu’il est populaire.
  • Soit le journaliste recommande un titre parce qu’il en a entendu parler, parce qu’il évolue dans l’industrie de la musique.

Bref, les magazines donnent des recommandations assez cloisonnées.

Mais Anthony découvre qu’il y a tout un tas de blogs qui sont écrits par des passionnés de musique pendant leur temps libre, qui partagent les musiques qu’ils aiment.

Exemple de blog qui partage de la musique (Crafted Sounds)

Tous ces blogs sont éparpillés sur internet.

C’est là que lui vient l’idée de Hype Machine :

Et s’il créait un site où toutes les musiques partagées par ces blogs sont listées et où on peut les écouter.

Et c’est ce qu’il a fait.

Hype Machine, est une sorte d’agrégateur de blog musicale.

Il a une base de données de plusieurs centaines de blogs musicale (653 à l’heure où j’écris ces lignes).

Ces blogs partagent des musiques de tout genre Electro, métal, acoustique, drone (?) etc…

À chaque fois qu’un blog de cette liste poste une nouvelle musique elle apparaît sur Hype Machine.

Ce qui fait de Hype Machine un endroit formidable pour deux raisons :

  • Premièrement, on peut découvrir tout un tas de nouvelle musique inconnu. Bien loin des recommandations trop “linéaires” que propose Spotify, Deezer…Hype Machine à un filtre naturel, c’est que si des personnes parlent d’une musique c’est qu’ils l’apprécient.
    Les gens ne parlent pas des musiques qu’ils n’aiment pas. Et comme ce sont des passionnés qui font ça durant leur temps libre il n’y a pas d’histoire de sponsorisation etc…
    Du coup, tu es sûr d’avoir des musiques qui sont partagées juste parce qu’elles plaisent et pas pour d’autres critères.
  • Deuxièmement, on peut découvrir des blogs qui ont les mêmes goûts musicaux que nous et donc suivre ces blogs et trouver des musiques qui nous correspondent encore plus.

Le site est assez simple et surtout bien rapide (autant sur le chargement de la musique que sur la navigation entre les pages)

Il y a deux grosses parties.

  • Une partie où tu peux écouter les derniers sons qui ont été postés
    C’est bien d’avoir gardé cette partie bien visible, et pas cachée. C’est dans l’ADN du site d’arriver à te faire découvrir de nouveaux artistes.
  • Et l’autre où tu peux écouter les sons les plus populaires.

Ensuite tu peux trier par remix ou pas, par genre, par blogs de ton pays etc…

Ah oui et il y a aussi un petit bouton random qui te permet de découvrir un artiste ou titre de manière aléatoire. Toujours dans cet esprit de découverte.

Ce qui est intéressant, c’est que Hype Machine s’étend en dehors de leur site.

Déjà il y a Stack une newsletter, qui t’envoie un mail par semaine avec à l’intérieur :

  • Les musiques favorites de l’équipe.
  • Un album favori de l’équipe.
  • Un mix sélectionné par l’équipe
  • Un article sélectionné par l’équipe.

Intéressant, parce que ça permet de rester en contact toutes les semaines avec leurs utilisateurs.

Et puis tu n’as pas besoin de t’inscrire au site pour recevoir Stack (et je pense qu’il doit y avoir pas mal de non-inscrits au site qui sont par contre inscrits à la newsletter).

Ensuite Hype Machine ne joue pas la concurrence avec Spotify ou Soundcloud, au contraire même ! (et ils ont bien raison, parce qu’on ne vient pas pour les mêmes raisons sur Hype Machine que sur Spotify)

Hype Machine est présent sur Spotify et sur Soundcloud.

Sur Spotify, ils publient sur leurs playlists les morceaux sélectionnés sur Stack, les derniers titres ajoutés sur le site, les titres populaires etc…

Ce qui fait que tu peux profiter de l’expérience de Hype Machine sans passer par Hype Machine.

Sur Soundcloud, ils postent les titres qui sont dans le top 5 du site.

Anthony n’est plus seul maintenant à faire tourner le site. Ils sont actuellement 3 à plein temps.

Photo: Victoria Masters

Mais ça n’a pas toujours été facile.

En 2009/2010 le site arrivait à générer assez d’argent pour financer les coûts des serveurs et faire vivre l’équipe, grâce à la publicité .

Mais après ça le monde de la publicité a changé. C’est devenu beaucoup plus automatisé avec les systèmes de ventes aux enchères (le moment de gloire de Google Adsense et des publicités Facebook).

Et Hype Machine n’arrivait pas à avoir des annonceurs.

Ils avaient déjà envisagé de lever des fonds en 2007, mais ça ne les attirait pas plus que ça à cause du fait que les startups dans la musique qui prenait levée des fonds semblé mourir.

Hype Machine ne pouvait plus continuer comme ça et avait besoin de trouver un nouveau modèle de gagner de l’argent :

Le financement participatif

Eh oui, le site est aujourd’hui quasiment entièrement financé par les dons des utilisateurs.

À l’heure où j’écris ces lignes, il y a 3 758 personnes qui ont fait un don au site.

Je ne sais pas si c’est 3 758 personnes qui ont au moins donné une fois ou alors si c’est 3 758 personnes qui donnent chaque mois, mais en tout cas c’est indiqué qu’ils ont passé la barre de 3000 personnes qui font un don mensuel.

En avril 2018 c’était 86% de leur revenu contre 14% pour la publicité.

Le prochain palier c’est les 5000 supporters.

C’est beau de voir que ça a marché.

Pour te donner une idée de la fréquentation du site, en 2017 il y avait environ 400 000 visiteurs par mois.

Quand Anthony a eu l’idée, il ne savait même pas coder.

Il était ingénieur en informatique et ses tâches consisté à réparer et à maintenir des serveurs. Pas à coder des applications web.

Il a dû apprendre ça.

Il apprenait à coder au fur et à mesure qu’il développait Hype Machine.

Hype Machine le 14 février 2007

“Au début, juste je faisait. Je n’en ai pas parlé à beaucoup de gens. J’ai juste pensé que la façon la plus directe d’obtenir ce que je voulais serait de commencer à le construire et ensuite d’autres pièces se mettraient en place.” Anthony pour Rollo & Grady

De toute manière au début c’était juste censé être un projet perso. Pour lui uniquement.

Comment est-ce qu’il a gagné ses premiers utilisateurs ?

Il a envoyé le lien à quelques pionniers dans l’industrie de la musique en ligne pour avoir du feedback et au lieu de ça plusieurs d’entre eux ont partagé le lien.

Une sorte de bouche à oreille accélérée.

C’est intéressant de voir la vision de l’équipe vis-à-vis des startups

“Les investissements technologiques fonctionnent mieux lorsqu’une entreprise est sur le point d’atteindre une taille significative. Pour un produit musical, cela signifie construire une expérience qui attire le plus grand nombre possible de personnes, ce qui exclut souvent les services qui privilégient les artistes émergents/moins connus, comme nous le faisons. Hype Machine est conçu pour servir les auditeurs à la recherche active de nouvelles musiques, qui n’est pas un public à l’échelle du capital-risque. Changer notre orientation pour favoriser la croissance aurait été un mauvais service à notre communauté.” Anthony pour Noisey

“Le crowdfunding est notre seule option – la publicité en ligne ne fonctionne bien qu’à grande échelle (tout en introduisant des questions complexes de protection de la vie privée), et le capital de risque fait passer le rendement avant la durabilité.“

“Je pense que les gens répondent à cette idée que vous n’avez pas besoin d’être Snapchat, vous n’avez pas besoin d’être Instagram, vous n’avez pas besoin d’être énorme pour avoir un produit que les gens peuvent aimer” Zoya Feldman (membre de l’équipe) pour The Outline

“La définition de “startup” est très fluide – structure très plate, pas d’obsession de la croissance juste pour la croissance, atteindre nos propres objectifs (et ceux de nos utilisateurs) seulement, restriction minimale à la créativité.” Arkadiy Kukarkin (ancien développeur pour Hype Machine) pour Masters of Media

Anecdote…

  • Hype Machine à aussi fait un festival au SXSW qui s’appelait Hype Hotel.
Photo: Jesse DeFlorio

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